Giovanni Battista Paggi, une figure dynamique et avant-gardiste pour son siècle, est né à Gênes en 1554 dans une noble famille. Fils d'un marchand, « un art qui ne déplaît pas à la noblesse génoise… dans son enfance, appliqué par son père à l'étude des lettres, il y a donné les premières preuves de son rare talent… et son beau génie le poussait également à pratiquer les arts du dessin… » [Soprani/Ratti, p.113] Le père souhaitait que son fils se consacre au commerce, alors le jeune homme s'est mis à l'étude de l'arithmétique, obtenant au moins la permission de jouer d'instruments de musique ; mais la passion est la passion et ainsi « Genuensis, ergo mercator » génois donc marchand « est passé à la spéculation de l'Art » [Soprani/Ratti, p.114]. En 1581, il a tué un collègue marchand (Cristoforo Fronte) et a été condamné à l'exil perpétuel ; se réfugiant d'abord à Aulla dans le fief des Centurione en Lunigiana « en attendant la faveur du calme » [Soprani/Ratti, p.120], il est ensuite passé par Pise pour arriver à Florence en 1582. Nombreuses sont les œuvres produites pour les commanditaires florentins, signe d'un succès croissant qui culminera avec son inscription à l'Académie du dessin. « Autant Paggi était aimé et désiré par les nations étrangères, autant il était mal vu dans sa patrie par ceux qui, non par gloire, mais par vil gain, exerçaient la peinture. » [Soprani/Ratti, p.124] mais n'ayant jamais interrompu ses relations de travail avec les commanditaires génois, ayant obtenu la grâce, il est revenu définitivement dans sa patrie. À la mort de son père, il s'est définitivement consacré à son ancien désir de peinture, stimulé par Cambiaso, son mentor, et par cet environnement de peintres et de sculpteurs plus célèbres qu'il avait accueilli, étudié et hébergé dans les pièces de son atelier. Sa maison/atelier, point de référence pour de jeunes artistes comme Sinibaldo Scorza son élève pour n'en citer qu'un, était devenu un point de référence de l'activité picturale et culturelle dans un environnement génois en effervescence au début du XVIIe siècle, et les nombreuses œuvres citées dans son inventaire en témoignent. Le Couronnement d'épines, le sujet représenté dans notre toile, est un épisode rapporté dans les Évangiles faisant partie du récit de la « Passion du Christ », c'est-à-dire la description des événements et de la souffrance endurée par Jésus-Christ jusqu'à sa crucifixion et sa mort. Après le supplice de la flagellation, Jésus de Nazareth, le roi des Juifs, assis les mains liées, est enveloppé dans un manteau, ridiculisé et humilié par les soldats qui lui posent sur la tête une couronne d'épines qui est enfoncée dans sa chair à l'aide de bâtons pour éviter de se piquer. L'analyse stylistique du tableau, la comparaison avec les œuvres autographes du peintre, permet de situer l'œuvre dans la période d'activité génoise avant son exil. Dimensions : toile 110 x 95,5 cm - cadre 125 x 111,5 cm